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Climat

Des prévisions à long terme sur l’extension des « zones mortes » de l’océan

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D’après une équipe de scientifiques danois, les impacts des émissions de CO2 sur les océans sont appelés à se faire ressentir durant des milliers d’années. En considérant l’évolution du taux de CO2 atmosphérique comme un indicateur de l’élévation des températures, les chercheurs prédisent une très sévère réduction en oxygène des océans et la formation de vastes « zones mortes », hostiles à la vie pour 1 500 ou 2 000 ans.

Au mois de mai dernier, une étude, parue dans la revue Science, avait déjà montré, à partir des modèles climatiques, une chute des concentrations en oxygène dissous dans les océans, alertant des conséquences sur les écosystèmes et les économies côtières. De nouveaux travaux, publiés cette semaine dans le journal Nature Geoscience, sont allés plus loin, en simulant les effets du changement climatique sur 100 000 ans. Les chercheurs ont étudié deux scénarios : le premier selon lequel les concentrations de CO2 atmosphérique atteindraient 1 168 ppm (partie par million) en 2100 (1), soit une élévation de température estimée de 5 à 7 °C ; le second scénario, plus optimiste, évalue les effets d’une concentration de 549 ppm, soit une option où l’augmentation de CO2 ne serait que de 50 % dans les 100 prochaines années, pour une température s’élevant de 2 à 4 °C. D’après les chercheurs, dans les deux cas, et même dans l’optique la plus favorable, les nouvelles ne sont pas très réjouissantes et les modélisations mettent en évidence l’inertie des processus naturels.

Des mers plus chaudes et une réduction de la circulation des courants océaniques concourent à diminuer les taux d’oxygène et créer des « zones mortes » où les poissons, les crustacées, ou tout autre forme de vie supérieure, ne pourront plus se développer. Mais, d’après cette nouvelle publication, ceci n’arrivera pas demain, les effets s’exprimeront lentement, probablement au siècle prochain et impacteront les 2 ou 3 prochaines générations. Pour Jens Olaf Pepke Pedersen, un des auteurs de cette étude, qui s’adressait à l’Agence France Presse, « même au bout de 100 ans, si nous stoppons toute émission de carbone, il faudra des centaines d’années, peut-être même plus, à l’océan pour refroidir. Les zones en déficit d’oxygène vont continuer à s’étendre et atteindront leur maximum dans 2 000 ans. »

Les « zones mortes » en augmentation

Des « zones mortes » sont des zones aquatiques où la teneur en oxygène dissous est déficitaire et ne permet pas la survie et le développement des organismes dits supérieurs, qui, simplement, s’asphyxient. Ce phénomène, appelé hypoxie, est récent et majoritairement lié à l’activité humaine, à la pollution et au rejet dans le milieu marin d’importantes quantités de matières nutritives (azote, phosphore…). L’hypoxie est, en quelque sorte, la phase terminale de l’eutrophisation, un accès de matière organique, ou « sur-nourrissage » du milieu qui va stimuler l’activité biologique et conduire à la consommation de tout l’oxygène. Des « zones mortes » sont identifiées partout où se trouvent de fortes concentrations humaines, sur les côtes de l’Atlantique Nord, comme autour de la mer Baltique, qui est parmi les exemples les plus catastrophiques, ou encore dans le Golfe du Mexique. Le PNUD (2) indique dans son rapport « In dead water », paru en 2008, que 200 « zones mortes » temporaires ou permanentes existent sur la planète, contre les 150 recensées en 2003. D’après les recherches menées par Robert Diaz, de l’Institut de Sciences Marines de Virginie, ce sont 405 zones qui présentent de très graves déficits en oxygène, soit quelque 245 000 km2 d’océan (environ la moitié de la superficie de la France métropolitaine). Ces surfaces, qui étaient considérées comme insignifiantes dans les années soixante-dix, sont aujourd’hui en constante augmentation.

Des conséquences écologiques et économiques qui s’exprimeront des années plus tard

Alors que la pollution chimique et organique suffisait à fournir une explication à cette triste expansion, à la limite, selon cette approche, l’hypoxie restait réversible via quelques prouesses techniques et une forte volonté politique. Mais le réchauffement climatique apporte un autre facteur à l’équation. En effet, dans une eau qui se réchauffe, l’oxygène se dissout moins bien. Les récentes recherches scientifiques, qui affinent le champ des connaissances, nous montrent que nous sommes loin encore d’appréhender la portée du phénomène. Notamment, on considérait, jusqu’alors, une « zone morte » à partir d’un taux d’oxygène dissous inférieur à 2 mg/l, mais des recherches expérimentales ont montré que, déjà, à partir de 4,6 mg/l, la reproduction des poissons était affectée, avec des conséquences écologiques et économiques qui s’exprimeront des années plus tard.

Les effets à long terme du réchauffement climatique semblent des plus subtils et, même si, par miracle politique, des mesures drastiques étaient prises aujourd’hui pour réduire les émissions de CO2, de toute façon, les impacts concerneront toutes les générations à venir, comme le prédit encore l’étude parue cette semaine.

Elisabeth Leciak
1- La concentration actuelle en CO2 est de 380 ppm

2- Programme des Nations Unies pour le développement
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Le drapeau du réchauffement climatique

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A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.

Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.

Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.

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 Le réchauffement mondial illustré

Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/

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Le drapeau du réchauffement en France

Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.

Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming

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Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?

Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.

Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.

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 Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?

Photo : Compte Twitter de Brune Poirson

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